Rencontre avec Philippe Cahen

Il parait que vous êtes Monsieur Signaux Faibles ?

Fin 1995, j’ai eu l’intuition qu’Halloween allait se développer en France. J’ai déposé la marque Halloween en alimentaire, j’ai créé un gâteau (le Samain) et pour Halloween 1997, 1000 boulangers pâtissiers fabriquaient et vendaient ce gâteau. En 2000, j’avais 14 industriels sous licence de marque Halloween. J’avais vu juste. Aujourd’hui, le mois d’octobre a toujours un indice 130 en confiserie.

Mais la vraie question est : pourquoi cette intuition d’Halloween ?

L’intuition est un excès de vitesse de la connaissance. Tout ce que je percevais en architecture, en peinture, en sculpture, en mode … me montrait un retour des valeurs nobles, sûres, traditionnelles. D’ailleurs, les marchés de Noël se sont développés hors d’Alsace à partir de 1998.

J’avais donc capté des signaux faibles, des signaux qui ne se voient pas au premier degré, qui sont cachés, qui sont des signaux induits, qui demandent un travail humain de perception et d’interprétation.

Halloween m’a bien amusé pendant quelques années. En 2003, j’ai détecté la fin à venir des grands hypers. Ce n’était pas encore à cause d’Internet, d’Amazon, mais à cause du temps d’achat : combien de temps acceptez-vous pour acheter un produit ? La question est saugrenue mais elle est bien réelle. Et effectivement, les grands hypers sont en chute constante depuis 2003.

« J’ai donc théorisés les signaux faibles et mes clients m’ont démontré que je contribuais à la prospective ».

Alors vous êtes Monsieur Prospective ?

N’exagérons pas ! Les signaux faibles aident à s’interroger sur le futur d’une entreprise, ou plutôt les futurs. La prospective ouvre aux futurs, la stratégies choisit le futur, la vision. Une entreprise a toujours plusieurs futurs possibles. Ma méthode pousse surtout à ouvrir aussi aux futurs improbables, voire haïssables. Vous savez, pendant de très longues années, trop longues d’ailleurs, les grands hypers ont refusé de croire à leurs chutes. On n’aime pas l’impensable.

Comment travaillez-vous ?

Tout d’abord, je suis indépendant. Je participe à de nombreux groupes de travail pour confronter mes idées sur des sujets très variés : les personnes âgées, le commerce, la prospective sociétale, les mouvements de pensée, etc. Je lis beaucoup. Chaque mois, je synthétise mes travaux et publie quelques signaux faibles dans une Lettre d’information.

Ensuite j’ai des prestations avec mes clients qui vont de la conférence à l’atelier de un à trois jours et bien sûr à la formation. Je pratique très rarement des études.

Comment avez-vous vécu la Covid-19 ?

D’abord, la période n’est pas terminée. A vrai dire c’est une période formidable. J’ai travaillé pendant le confinement comme d’habitude pour mes recherches, et mes conférences ou formations se firent en vidéoconférence. Mais surtout cette période fut et est encore extraordinaire sur le plan prospective. Le futur se précipite sous nos yeux. Il n’a jamais été aussi proche. On n’a jamais vu 4 milliards d’humains confinés en même temps. C’est de la science-fiction ! On n’en sortira pas comme la suite d’avant. Tout est ouvert. Il faut choisir. Et comme dans les autres crises, un nouveau Google est en gestation, de nouveaux produits sont à créer, un nouveau monde s’invente. Chaque entreprise doit revoir sa vision. Et les options sont nombreuses et ouvertes.

« Le futur est ouvert : allons-y ! »

« Je repars en plongée … »

Philippe Cahen
Conférencier prospectiviste
LinkedIn, Twitter, YouTube : Philippe Cahen signaux faibles
Editeur de la lettre des Signaux Faibles, depuis 2003.
Dernier livre : « Méthode & Pratiques de la prospective par les signaux faibles », éd. Kawa

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